
Le tableau de Monet, La gare Saint-Lazare, impressionne le spectateur non pas par ses dimensions, mais par la mer profonde de vapeur et de fumée qui enveloppe la toile. En effet, comme l’a fait remarquer avec une certaine ironie un critique contemporain, « Malheureusement, l’épaisse fumée qui s’échappe de la toile nous a empêchés de voir les six tableaux consacrés à cette étude ».
Présentation du tableau
La Gare Saint-Lazare (également connue sous le nom de Vue intérieure de la gare Saint-Lazare, ligne d’Auteuil) représente l’un des quais de la gare Saint-Lazare. C’est l’une des gares ferroviaires les plus grandes et les plus fréquentées de Paris. Le tableau n’est pas seulement une vue unique d’un quai de gare. C’est un élément d’un projet plus vaste comprenant une douzaine de toiles qui tentent de représenter toutes les facettes de la gare Saint-Lazare. Les tableaux ont tous des thèmes similaires, notamment les jeux de lumière filtrés par la fumée du hangar ferroviaire, les nuages de vapeur tourbillonnants et les locomotives qui dominent le site.
La lumière, élément formel dominant dans tant de tableaux impressionnistes, fait l’objet d’une attention particulière dans La gare Saint-Lazare, ligne d’Auteuil. Ici, Monet représente une journée ensoleillée et s’efforce de reproduire les effets minutieusement observés de la lumière pure du soleil. Les nuages de vapeur tourbillonnants renforcent cet effet, créant des couches de lumière qui remplissent la toile. Cependant, La gare Saint-Lazare, ligne d’Auteuil est une exception au sein du groupe complet. C’est l’un des deux seuls tableaux représentant la gare par une journée ensoleillée et lumineuse. Plus d’informations ici.
Le train et le hangar comme sujet
Sur un fond lumineux, Monet représente l’immense toit en fer de la gare dans des tons cuivrés et bruns qui contrastent avec la palette sobre de la gare Saint-Lazare, ligne d’Auteuil, avec son fond tourbillonnant de bleu, de gris et de violet. Les trains, représentés ici par pas moins de trois locomotives et un grand wagon couvert, sont à la fois la source de la vapeur et distincts de celle-ci. Cependant, en 1877, un certain nombre de critiques craignaient que la fumée ne les engloutisse complètement.
Quand Monet immortalise la gare Saint-Lazare et la vie moderne
La gare Saint-Lazare, la ligne d’Auteuil et les autres tableaux de la gare Saint-Lazare réalisés par Monet ne constituent pas un épisode isolé dans l’œuvre de l’artiste. Dans les années 1870, Monet, comme la plupart des autres grands impressionnistes, notamment Caillebotte, Pissarro, Renoir, Degas, Guillaumin, Raffaëlli et même Manet, s’intéressait de près au chemin de fer comme sujet de ses peintures représentant la vie moderne. En fait, les six à huit tableaux que Monet a exposés lors de la troisième exposition impressionniste ont été présentés aux côtés du monumental Le Pont de l’Europe de Caillebotte, qui représente également les gares de triage de la gare Saint-Lazare. Le tableau de Caillebotte montre cependant le site depuis le grand pont métallique qui enjambait les gares de triage, le Pont de l’Europe.
Des tableaux sévèrement critiqués
Il est intéressant de noter que le tableau de Caillebotte représentant des promeneurs distingués dans le monde bourgeois des grands boulevards parisiens a été salué, tandis que les tableaux de Monet représentant des trains, de la vapeur et l’activité industrielle ont été sévèrement critiqués.
Peut-être cette critique s’explique-t-elle par le fait que Monet représente les locomotives comme sujet principal plutôt que comme éléments de fond. Il les montre sans complexe, dans leur élément naturel, au milieu de la vapeur, des ouvriers et de l’activité de la gare animée.
Quatre tableaux de la série de douze, dont La gare Saint-Lazare, ligne d’Auteuil, montrent les grandes travées en fonte caractéristiques qui couvraient les quais. Cependant, les autres tableaux montrent :
- l’extérieur,
- les gares de triage,
- les ouvriers,
- les tunnels,
- les aiguillages,
- les hangars
- les locomotives de la gare.
En effet, même dans La gare Saint-Lazare, la ligne d’Auteuil et les autres tableaux dits « intérieurs » du hangar ferroviaire, Monet inclut des ouvriers, de la vapeur et des machines industrielles. En fait, ce qu’il ne montre pas, c’est le grand hôtel, l’entrée somptueuse ou la sculpture de l’impressionnante façade de la gare. Même dans les intérieurs, les peintures représentent essentiellement l’aspect commercial de la gare.
Une série ?
Ces sujets communs, train, vapeur et activité industrielle, soulèvent la question de savoir si ces œuvres doivent être considérées comme une série. Bien que les chercheurs aient souvent abordé ces œuvres, et en particulier les quatre intérieurs, comme faisant partie d’une série, seules deux d’entre elles présentent une vue répétée (ou sérielle). Considéré dans son ensemble, le groupe ne semble pas être la manifestation d’un intérêt pour la peinture sérielle ou l’exploration de changements subtils qui n’apparaissent que dans des vues répétées (comme Monet le fera plus tard avec sa série de meules de blé), mais plutôt un effort pour saisir les aspects variés de la gare en rendant ses multiples facettes dans la peinture.